En aout 2019, une plaque d’enduit peint retrouvée encore en place, adossée à un mur suite au chantier de fouille du mois d’août méritait une attention particulière. Ce décor d’intérieur, d’un rouge encore vif ornait certainement une des pièces d’une domus, une maison romaine, découverte sous les niveaux du forum. Elle aurait été rasée volontairement entre 20 et 10 avant notre ère pour faire place au monument public qui a été positionné dessus.
Au vu de l’état de conservation de la plaque peinte, très fragmentée et fissurée, et du risque de dégradation durant l’hiver (gel, pluie, vent), il a été nécessaire de faire appel à un restaurateur spécialisé pour la dépose de la plaque. C’est l’Atelier Alain WAGNER qui s’est chargé de cette délicate opération.
Le but était de décrocher du mur les plaques d’enduits peints sans les endommager.
Avant de se lancer, une phase d’analyse était nécessaire pour les restaurateurs. Après une observation fine de l’ensemble, ils ont élaboré un plan de prélèvement, pour définir en combien de parties le décor peut être prélevé.
Protégée par du géotextile et mise sous bâche depuis le mois d’août, la plaque devait être ensuite nettoyée. À l’aide d’éponge et d’eau, les restaurateurs ont retiré les restes de terre et de poussière qui adhéreraient à la surface de l’enduit. Après un séchage complet de cette dernière, la suite de la dépose pouvait être engagée…
S’ensuit la phase d’encollage. Elle consiste à placer des bandes de gaze en coton sur l’enduit qui vont permettre de fixer les morceaux d’enduits entre eux, avant de tenter de décoller la plaque du mur. Cette délicate opération est réalisée à l’aide de fines lames tranchantes de métal que l’on fera glisser entre le mur et l’enduit, afin de délicatement détacher la plaque et la réceptionner sur un support en bois.
Une fois décrochée, chaque plaque d’enduits devait être conditionnée à l’abri des chocs éventuels, mais aussi de l’humidité et des changements de température. Chaque fragment a donc été placé sur des blocs de mousse rigide et entouré d’une feuille de plastique opaque et étanche en vue de leur stockage.
Décroché en plusieurs morceaux, ce décor doublement millénaire pourra être restauré entièrement pour être recollé et conservé dans de bonnes conditions.
350m de cordes, une multitude d’outils, 4 mains, une grue et près de 6 tonnes déplacées et replacées !
Du 12 au 15 novembre 2019, une première phase de travaux de consolidation du Pont Ambroix a été réalisée.
Ce pont romain, bâti il y a plus de 2000 ans pour permettre à la célèbre Via Domitia de franchir le Vidourle, était composé d’une dizaine d’arches à sa construction. Il n’en reste plus qu’une aujourd’hui, positionnée au milieu du cours d’eau. Afin de préserver au mieux ce patrimoine classé au titre des Monuments Historiques depuis 1840, des travaux ont donc été programmés.
L’ouvrage a déjà connu différentes campagnes de restauration ou de consolidation dont les plus récentes remontaient à 2003.
Seize ans plus tard, il était nécessaire d’engager une nouvelle campagne de restauration comprenant en priorité la dévégétalisation de l’ensemble de la structure et surtout l’éradication d’un figuier qui avait pris place en bordure de voûte, ses racines soulevant un voussoir d’une arche disparue.
En effet, il s’agissait là du principal problème de conservation. Le pont est bâti à joint vif, c’est-à-dire qu’il n’y pas de mortier (ou autre « colle ») entre les pierres. Chacune d’elles, taillée parfaitement, est simplement posée et positionnée à un emplacement prévu. Le poids des blocs (entre une et deux tonnes) et la gravité terrestre suffisent pour que l’ensemble du monument tienne, et cela, depuis plus de deux millénaires.
Cependant, l’accumulation de terre dans les joints entre les pierres et l’apport de graines (vent, oiseaux, etc.), créent des zones propices au développement de végétaux. Ces derniers, au fil des années, en poussant, désolidariseront les blocs en les écartant progressivement.
Ce sont des ouvriers-cordistes de l’entreprise M.C.R., assistés d’une grue de 35m, qui ont mené ces travaux à bien. Après l’installation de câbles et de cordes assurant leur sécurité sur l’ensemble de l’arche (10 m de portée, 9m de haut), ils ont enlevé manuellement, l’ensemble des végétaux en grattant en profondeur pour atteindre les racines les plus enfouies dans le monument.
Concernant le figuier, son éradication fût plus complexe que prévue : 3 pierres de plus d’1tonne et demi ont dû être temporairement enlevées pour atteindre le tronc et les racines de l’arbre. De nombreuses ramifications ont pu être identifiées et retirées. Une opération délicate et très physique.
Une seconde phase a été menée du 24 au 26 novembre 2020. Il s’agissait alors d’attendre une année, sans remettre les blocs en place, afin d’observer si le figuier en question refaisait malgré tout son apparition.
Le technique a porté ses fruits, le figuier n’a pas refait surface.
Suite à ce constat, il convenait alors de replacer les blocs prélevés et stockés sur la berge à leur emplacement initial, chacun d’eux pesant plus d’une tonne.
Une série de travaux périlleux, assurée par des cordistes et un grutier chevronnés.
La Communauté de communes du Pays de Lunel (désormais Lunel Agglo) a reçu le soutien de la Direction Régional des Affaires Culturelles et du Département de l’Hérault pour ces actions de préservation du patrimoine.
En 1983, les archéologues Jean-Luc Fiches, Jean-Claude Bessac et leur équipe repêchent 112 blocs du pont romain dans le lit du Vidourle à des fins d’études, d’inventaire et de numérotation.
Ces blocs sont alors stockés en bordure du Vidourle sur une parcelle privée.
La rive droite du Vidourle s’érodant un peu plus à chaque période de crue, les blocs de pierre menaçaient de retomber à l’eau. 4 blocs avait d’ailleurs glissés en 2014 suite aux crues du mois de septembre, dans la pente. C’est pourquoi il fallait décider d’un nouveau lieu de stockage afin de les mettre en sécurité.
Entre le 6 et le 20 juin 2017, des travaux ont été engagés afin de déplacer et sécuriser les blocs repêchés :
L’entreprise Selle a réalisé le chantier en plusieurs étapes :
- Débroussaillage de la parcelle de stockage et dépose de la clôture qui entourait les blocs pour les rendre accessibles.
- Déplacement des blocs sur un camion plateau équipé d’une grue puis déchargement et stockage sur le nouvel emplacement. Ceci en présence de membres de l’équipe du musée afin de suivre la numérotation d’origine des blocs et effectuer un nouveau plan de stockage en conservant l’identification réalisée par J-L. Fiches et J-C. Bessac.
Un intervention de sauvegarde soutenue par l’Union Européenne (fonds LEADER), la DRAC Occitanie et le Département de l’Hérault.