Histoire et archéologie

Ambrussum est une photographie de l’Antiquité…
Un instantané du IVe siècle avant notre ère, au IVe siècle de notre ère !
Huit siècles d’histoire conservés sous une dense végétation de garrigue.

Les plus anciennes traces d’occupation du site d’Ambrussum remontent à la fin de la période Néolithique (environ 2600 – 2200 ans avant notre ère). À la fois en hauteur et à proximité d’un point d’eau (le Vidourle), quelques foyers préhistoriques se sont fixés au sommet de la colline.

Vue aerienne de l'oppidum. On perçoit le tracé de l'épais rempart gaulois en pierre sèche qui enserrait la ville sur 5 hectares.
Vue aérienne de l’oppidum d’Ambrussum

L’occupation de ce point stratégique par les hommes perdure à travers la Protohistoire et c’est au IVe siècle avant notre ère que se développe véritablement le site, avec l’installation des Volques Arécomiques (peuple celte) qui vont occuper une grande partie du Languedoc actuel. Ils fondent un oppidum : véritable village s’étalant sur plus de 5 hectares, entouré d’un épais rempart, en partie conservé encore aujourd’hui.

Entre 125 et 120 avant notre ère, les Romains conquièrent la partie sud de la Gaule, cherchant à joindre deux territoires qu’ils occupent d’ores et déjà : la péninsule italique et la péninsule ibérique. Afin d’assurer une circulation efficace des militaires entre ces deux territoires, les Romains aménagent la Via Domitia et Ambrussum devient le lieu de franchissement du Vidourle, pour cet axe majeur du monde romain.

À partir de cette date et jusqu’à la fin du Ier siècle, Ambrussum continue de se développer et connait de profondes transformations.

Les édifices privés adoptent les plans et les modes de construction classiques du monde romain (pierres liées au mortier, tuiles en céramique, mosaïques, enduits peints) et la ville est pourvue d’infrastructures publiques, symboles de la romanisation (forum, place pourvue d’un portique).

Vue des vestiges des chambres d'une auberge du relais routier.
Chambres de l’auberge du relais routier.

En parallèle, à la fin du Ier siècle avant notre ère, un relais routier est installé au pied de la colline, le long de la Via Domitia. Véritable aire de services dédiée aux voyageurs, ce relais est constitué de trois auberges, d’une forge, un établissement thermal, d’un petit lieu de culte, ainsi que d’un bâtiment de l’administration impériale servant de relais de poste : le cursus publicus.

Vue de la face nord du pont romain. A la base des piles, des avant-becs protègent des crues.
Face nord du pont romain

De manière quasi contemporaine, le pont (certainement initialement en bois) qui permettait de franchir le fleuve est rebâti en pierres. Un ouvrage monumental composé à l’origine de 11 arches, long de 150 mètres environ, permettait alors de franchir le fleuve, même en temps de crue. Seule une arche de 10 mètres de large et de 9 mètres de haut témoigne encore aujourd’hui de l’ampleur de ce monument.

Dès la fin du Ier siècle, la ville haute connait un phénomène d’exode rural. Les élites romaines se déplacent vers les grandes villes et emmènent dans leur sillage les populations qui peuplaient les campagnes.

Le relais routier reste en activité encore deux siècles et est lui aussi abandonné lorsque d’autres lieux de franchissement du fleuve sont aménagés et privilégiés dans l’Antiquité tardive.

Ambrussum tombe alors dans l’oubli dès le IVe siècle, et cela pour plus de 1600 ans !

Panorama avec les berges du Virdourle et le pont romain au couleur de l'automne

Abandonné à la fin de l’Antiquité, Ambrussum tombe dans l’oubli quelques siècles.

Bien que le Pont Ambroix ait été repéré très tôt pour son intérêt patrimonial et classé  au titre des Monuments Historiques en 1840, il faudra attendre le début du XXe siècle pour que l’on redécouvre l’occupation de l’agglomération antique d’Ambrussum.

Fouille de l’oppidum de Nages par Émile Marignan – début du XXe siècle

Entre 1910 et 1914, le Docteur Marignan, médecin à Marsillargues, passionné de sciences humaines et en particulier de la période préhistorique, procède à des fouilles. Il mettra au jour un riche mobilier néolithique le long du rempart, au sud de la colline et quelques vestiges pré-romains et romains.

Un demi-siècle plus tard, en 1964, c’est au tour de l’archéologue Marc Fenouillet de s’intéresser à Ambrussum. Il fait des prospections sur la colline du Devès et dans les vignes du Sablas (le long des berges du Vidourle, au pied de la colline) qui s’avèrent fructueuses. Des vestiges mobiliers et immobiliers sont découverts et confirment le potentiel archéologique de ce site encore méconnu.

Fouille du quartier d’habitat nord de l’oppidum (1968)

À partir de 1967, et ce pour plus de 35 ans, Jean-Luc Fiches entreprend de mener des fouilles sur l’oppidum. Après quelques sondages, les équipes de fouilleurs travaillent sur des aires ouvertes et des surfaces relativement étendues. On fouille deux secteurs d’habitat (3 domus romaines) et la basilique civile. En 1974 on met au jour la voie pavée, rue principale de la ville, ainsi que la fortification enserrant cette dernière.

À partir du milieu des années 1980,  le regard des archéologues se porte au pied de la colline. Cet espace, recouvert alors par les vignes regorge de mobilier que l’on découvre à la suite de chaque labour.

Fouille du Cursus Publicus – 2008

Une première aire de fouille est ouverte en 1984 : on découvre la première auberge de ce qui sera rapidement identifié comme étant un relais routier. À partir de cette date et jusqu’en 2012, les fouilles seront exclusivement dédiées à l’étude du relais routier : une opportunité scientifique immense dans la mesure où aucune occupation postérieure au IVe siècle ne vient entraver cette étude. C’est donc un des premiers relais routiers « intacts » que les chercheurs peuvent étudier.

Depuis 2016, de nouvelles campagnes de fouilles sont menées au sommet de l’oppidum, sous la direction de l’archéologue Maxime Scrinzi, chercheur associé au CNRS. L’objectif de ces campagnes est de mettre au jour le quartier public de la ville et de mieux connaitre la vie politique et sociale d’Ambrussum à l’aube du changement d’ère.

Entre temps, la valorisation et l’aménagement du site archéologique sont pris en charge par la Communauté de Communes du Pays de Lunel (Lunel Agglo désormais). Un parcours archéologique, ponctué de panneaux d’explications, est mis en place sur le site et, en 2011, le musée de site est inauguré pour offrir une véritable structure d’accueil et d’interprétation pour les visiteurs du lieu.

L’archéologue Maxime Scrinzi sur le chantier en 2016

 

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Ouvert en permanence et gratuit, le site archéologique, en plus d’être un lieu culturel, est un lieu privilégié pour les promenades.

 

Secteur protégé par le classement du site antique au titre des Monuments Historiques, ainsi que par le label Natura 2000, Ambrussum offre au visiteur la possibilité de se perdre dans un paysage à la fois divers et unique. Les berges humides du Vidourle contrastent avec la colline calcaire, recouverte par la végétation dense et piquante de garrigue.

Du haut de la colline, le paysage se dévoile à 360°. On aperçoit la méditerranée au Sud et les contreforts des Cévennes au Nord, le fameux Pic Saint-Loup à l’Ouest et le territoire nîmois à l’Est.

Traversé par des voies accessibles aux vélos et aux joggeurs, il est aisé de rejoindre les villes alentours telles Lunel ou Villetelle. Pour situer les sentiers et les voies cyclables dans le Pays de Lunel, rendez-vous sur le site de l’Office du Tourisme.

 

Vue aerienne de l'ensemble du site depuis la berge gardoise. Vue sur le pont, le Vidourle et la colline de l'oppidum recouverte par la garrigue.

 

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