Un vrai bonheur pour nos narines, il suffit d'effleurer une touffe de thym ou de lavande pour sentir les effluves si typiques des plantes aromatiques qui caractérisent notre garrigue. Ce mot tire son nom du chêne kermès, garric en occitan, arbuste très résistant à l'incendie et utilisé autrefois pour ses tannins. C'est la végétation typique liée au climat et au sol de la région languedocienne et de la colline d'Ambrussum.
La garrigue et l'homme, une histoire intimement liée
Typique des régions méditerranéennes, cette végétation façonnée par le feu, le surpâturage et l'activité humaine, a dû s'adapter aux importants contrastes saisonniers. La garrigue est une formation ouverte et buissonnante, maigre et clairsemée, où l'on retrouve plus de 700 essences différentes avec une prédominance de chênes, pins, cistes, genêts, arbousiers, lentisques, chèvrefeuille, romarin, salsepareille, thym...
La forêt
Le pourtour méditerranéen est le siège d'un climat tempéré chaud caractérisé par des étés chauds et secs alternant avec une saison humide plus froide. La végétation s'est adaptée en tendant à rester verte toute l'année et en développant des feuilles épaisses et coriaces susceptibles de résister à la sécheresse. La forêt méditerranéenne d'origine est donc une forêt persistante ("sempervirente") dominée par les chênes (verts, lièges) et les pins (d'Alep, parasols, maritimes).
Le chêne kermès, buisson nain dont les feuilles épineuses repoussent toute intrusion humaine ou animale. Il est également très résistant aux incendies et était utilisé autrefois pour ses tanins
Le chêne vert, typique des terrains calcaires et rocailleux de la Méditerranée. Il conserve son feuillage vert foncé et résiste aussi bien au gel qu'aux fortes chaleurs
Le chêne blanc, ou chêne pubescent, qui pousse sur des sols plus profonds et les vallons les plus humides des garrigues.
Le pin d'Alep, ou de Jérusalem, peut atteindre entre 15 et 16 mètres. On le reconnait à son flexueux et à sa cime arrondie ; il forme de vastes peuplements et pousse sur les sols calcaires.
Le « bouquet de la garrigue »
Si le thym est sans conteste le roi des plantes aromatiques, une multitude d'herbes dégage des saveurs puissantes : la ciboulette, la sarriette, la menthe, le basilic, le romarin...
Le thym traite les problèmes hépatiques et antiseptiques. Ses tiges sont ligneuses, c'est à dire qu'elles ont la consistance et l'apparence du bois sec. Ses petites feuilles n'ont pas de pétiole (partie fine de la feuille qui relie la partie large de cette feuille à la tige), ses racines ne sont pas "adventives" (de nouvelles racines ne se forment pas à partir de branches qui pourraient traîner au sol).
La sarriette appelée au XVIIème siècle « la sauce aux pauvres gens », « le poivre d’âne » ou « l’herbe de St Julien », elle facilite la digestion. Elle a une saveur légèrement poivrée qui rappelle à la fois la menthe et le thym. Connue et appréciée dans l'Antiquité on la trouve encore dans la composition de certaines liqueurs digestives.
Les aiguilles du genévrier oxycèdre ou Cade servent à la confection d’une huile antiseptique. Il peut former des buissons impénétrables ou s'ériger en arbre-boule haut parfois de 8 mètres. Ses aiguilles vertes groupées par 3 présentent deux sillons blancs, ce qui le différencie du genévrier continental.
L’aubépine soigne les maux de gorge et l’angoisse. Sa caractéristique est la présence de longues épines sur les branches. Ces épines sont très solides et servaient autrefois de clous. Elles protègent des prédateurs certains oiseaux et petits mammifères qui viennent s'y réfugier.
Le genêt d’Espagne est préconisé contre les vers. Ses fibres peuvent rivaliser avec d'autres fibres textiles, telles que le chanvre, voire le lin. Aussi elles sont utilisées pour en faire un tissu résistant : la toile de genêt ou toile de maison. En industrie, on utilise les rameaux macérés pour faire du cordage.
La salsepareille est utilisée contre les problèmes de peau et en cas de rhumatisme. Elle est également utilisée en cas de grippe, d’anorexie et de goutte.
Les cistes apparteniennent à la caste des héritiers du feu. Ils couvrent la garrigue au printemps et peuvent constituer des landes très denses. Au printemps, la garrigue se couvre de fleurs roses et blanches.
Le fleuve...
L’origine du nom du fleuve est obscure. On en trouve des traces dès 928 avec « Vidosoli » mais aussi « Vitusulus » en 994, « Viturlus » en 1025 ou encore « Viturnellus » en 1054. Selon toute vraisemblance, ces appellations viendraient d’un dieu Gaulois « Vitoursulus ». Il est ce dieu à deux faces, tantôt bienfaiteur, généreux et accueillant, tantôt emporté et coléreux à tel point que ses riverains suppriment l’article et parlent de « Vidourle » comme d’un grand seigneur craint et respecté.
Le fleuve prend sa source à 500 mètres d’altitude au nord de la montagne de la Fage à Saint Roman de Codières dans les Cévennes. Il passe à Cros puis disparaît sous terre après Saint-Hyppolyte-du-Fort et ne réapparaîtra qu’après 6 km à la fontaine de Sauve, considérée par certains comme la véritable source du fleuve.
Il finira par rejoindre la Méditerranée au travers de deux débouchés que sont l’étang du Ponan et le Grau du Roi.
De nombreux fleuves débordent, leurs ravages sont simplement appelés « innondation », « débordement », mais seul le Vidourle s’est distingué des autres par ses célèbres « vidourlades » car elle emporte tout sur son passage. La Vidourlade ne ressemble à rien d’autre, à tel point que l’Académie Française a consacré ce terme qui lui est essentiellement propre. Nombreux sont les récits des dégâts occasionnés par ses crues qui peuvent atteindre des records de hauteur, de vitesse et de débit avec jusqu’à 2000 mètres cubes/seconde en 1993. Il fut l’état d’anecdotes tragiques et d’autres plus cosasses, comme par exemple l’histoire de vaches entraînées par la crue (à Sauve) et retrouvées vivantes à Rauret.
... et sa faune
Le fleuve est riche et accueille des espèces recherchées par les pêcheurs amateurs : brochet, sandre, perche, goujon, écrevisse, truite fario...
Le cours du Vidourle et ses berges abritent des espèces rares ou remarquables : des mammifères comme le castor, des oiseaux comme le rollier d'Europe ou le héron bihoreau, des poissons migrateurs comme l'alose feinte et des crustacés comme l'écrevisse à pattes blanches.
Le fleuve accueille également une grande diversité d'espèces plus communes comme l'aigrette garzette, le héron cendré, le cincle plongeur, le martin-pêcheur, la couleuvre vipérine, la perche commune, la rainette méridionale, le crapaud commun, les libellules et des plantes comme la saponaire ou la menthe aquatique.
La grande cigale commune : avec ses 10 centimètres en vol et ses 5 centimètres de long, c'est la plus grande cigale du Sud de la France. Pour actionner ses organes chanteurs, le mâle écarte et abaisse ses ailes pour dégager son abdomen afin de mieux le faire vibrer de haut en bas.
La couleuvre de Montpellier : longue de plus de 2 mètres, elle est le plus grand serpent d'Europe. Découverte près de Montpellier, elle est l'unique représentante d'une famille d'origine africaine.
Le scorpion languedocien : même si son nom scientifique prétend qu'il est capable de tuer un bœuf, son venin n'est pas mortel mais il peut infliger de vives douleurs à l'Homme. Le scorpion passe ses journées sous les pierres de la garrigue et chasse la nuit les araignées et les scolopendres.
Le lézard ocellé : il le plus grand lézard de nos garrigues mais aussi d'Europe. Il habite les broussailles du pourtour méditerranéen français et de la péninsule Ibérique. Haut sur pattes, il peut filer à toute allure à la poursuite de ses proies.